poèmes de résistants
Aujourd'hui Barbara JOLIVET vous propose
2 poèmes de résistants. A vous de trouver le sens caché de ces
poèmes.
Nouvel
Alphabet Français
La
nation ABC
La
gloire FAC
Les
places fortes OQP
Les
provinces CD
Le
peuple EBT
Les
lois LUD
La
justice FMR
Le
prix des denrées LV
La
ruine HEV
La
honte VQ
Mais l’espoir
RST
Vous avez trouvé ??
Réponse:
La
nation ABC (=abaissée)
La
gloire FAC (=effacée)
Les
places fortes OQP (= occupées)
Les
provinces CD (=cédées)
Le
peuple EBT (=hébété)
Les
lois LUD (=éludées)
La
justice FMR (= éphémère)
Le
prix des denrées LV (= élevé)
La
ruine HEV (=achevée)
La
honte VQ (=vécue)
Mais l’espoir RST (=est
resté)
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Passons maintenant au deuxième poème.
Aimons et admirons le chancelier Hitler!
L’éternelle Angleterre est indigne de vivre.
Maudissons, écrasons le peuple d’outremer
Le
nazi sur Terre sera le seul à survivre.
Soyons donc le soutien du führer allemand
De
ces navigateurs la race soit maudite.
A
eux seuls appartient ce juste châtiment
La
palme du vainqueur répond au vrai mérite.
« Collaboration », poète anonyme
Vous doutez que ce soit un résistant qui l’ai écrit ??
Alors regardez l’hémistiche (milieu de vers) de chaque vers:
Aimons et admirons le chancelier
Hitler!
L’éternelle Angleterre est indigne de
vivre.
Maudissons, écrasons le peuple
d’outremer
Le nazi sur Terre sera le seul à
survivre.
Soyons donc le soutien du führer
allemand
De ces navigateurs la race soit
maudite.
A eux seuls appartient ce juste
châtiment
La palme du vainqueur répond au vrai
mérite.
Et
maintenant lisez les phrases en vert puis celles en noir!
Etonnant non ??
Egalement :
Les Routes de l’Histoire
La poésie de la Résistance
L’épisode tragique de la guerre, de la captivité, de l’Occupation et de la Résistance (1939-1945) provoque une véritable relance poétique, à laquelle participent de nombreux anciens, comme Aragon, Éluard, Desnos. Dès 1940, des noyaux de ferveur poétique se constituent en certains lieux, dont le nom mérite de figurer dans une histoire, même rapide, de la poésie contemporaine : Lyon, Toulouse et Carcassonne, Marseille, mais aussi de petites villes, Dieulefit, dans la Drôme, ou Villeneuve-lès-Avignon. Là sont nés des poètes et ont vu le jour des œuvres importantes. Les revues se multiplient alors qui, se proposant d'incarner une résistance spirituelle, font une place considérable à la poésie. Citons, à Marseille, Les Cahiers du Sud ; à Lyon et Saint-Étienne, Confluences et Positions ; à Alger, Fontaine ; à Toulouse, Pyrénées ; à Villeneuve-lès-Avignon enfin, Poésie. À cette énumération il faut joindre l'œuvre importante accomplie en Suisse par Les Cahiers du Rhône, fondés par Albert Béguin, spécialiste de la poétique moderne. La plupart de ses revues deviennent aussi des maisons d'édition, à la situation financière précaire, aux publications quasi-confidentielles, mais comme par miracle leur rayonnement est considérable.La protestation et la solitude se conjuguent avec le troisième grand thème de cette poésie, l'inquiétude de la sympathie et de la communion, face au visage défiguré de l'humanité en guerre.
Certes, à un regard superficiel, cette poésie de la Résistance peut paraître un épisode sans suite. Il est né alors beaucoup de poètes, et il en a peu survécu. Et la signification, la poésie a sans doute été au mieux exprimée par l'un des plus authentiques poètes de cette génération : « La guerre me révéla cette “sensibilité spirituelle” que je n'ai cessé de traduire depuis, et d'abord dans mes œuvres de “résistance”... Je les ai écrites pour “dire” la douleur, l'élever à l'absolu... et nommer l'esprit du Mal qui l'inflige. » (P. Emmanuel, Préface à l'anthologie de ses œuvres dans la collection Poètes d'aujourd'hui)
(d'après
XXe siècle. Les grands auteurs français (Collection
littéraire))
René TAVERNIER
Positions
Il y en a qui prient, il y en a qui fuient,Il y en a qui maudissent et d'autres réfléchissent,
Courbés sur le silence, pour entendre le vide,
Il y en a qui confient leur panique à l'espoir,
Il y en a qui s'en foutent et s'endorment le soir
Le sourire aux lèvres.
Et d'autres qui haïssent, d'autres qui font du mal
Pour venger leur propre dénuement.
Et s'abusant eux-mêmes se figurent chanter.
Il y a tous ceux qui s'étourdissent...
Il y en a qui souffrent, silence sur leur silence,
Il en est trop qui vivent de cette souffrance.
Pardonnez-nous, mon Dieu, leur absence.
Il y en a qui tuent, il y en a tant qui meurent.
Et moi, devant cette table tranquille,
Écoutant la mort de la ville,
Écoutant le monde mourir en moi
Et mourant cette agonie du monde.
(10 juillet 1943)
Alain BORNE
Contre-feu, Cahiers du Rhône
Me voici seul avec ma voixj'entends le dernier pas qui balaye la route
et le silence tombe enfin comme l'ombre
d'une feuille
Me voici seul avec ma voix, un nouveau jeu
commence
puisque le sang torride dont je m'étais vêtu
rejeté vers la mer écrase d'autres naufrages,
c'est de mon propre sang que je teindrai les murs
mon sang hanté de l'âme neuve des lecteurs
du ciel.
(1942)
Joseph KESSEL, Maurice DRUON
Le Chant des Partisans
Ami, entends-tuLe vol noir des corbeaux
Sur nos plaines ?
Ami, entends-tu
Les cris sourds du pays
Qu’on enchaîne ?
Ohé Partisans
Ouvriers et Paysans
C’est l’alarme !
Ce soir l’ennemi
Connaîtra le prix du sang
Et des larmes
Montez de la mine
Descendez des collines
Camarades,
Sortez de la paille
Les fusils, la mitraille
Les grenades !
Ohé les tueurs
À la balle ou au couteau
Tuez vite !
Ohé saboteurs
Attention à ton fardeau
Dynamite !
C’est nous qui brisons
Les barreaux des prisons
Pour nos frères !
La haine à nos trousses
Et la faim qui nous pousse
La misère…
Il y a des pays
Où les gens au creux du lit
Font des rêves
Ici, nous, vois-tu,
Nous on marche et nous on tue
Nous on crève
Ici chacun sait
Ce qu’il veut, ce qu’il fait
Quand il passe…
Ami, si tu tombes
Un ami sort de l’ombre
À ta place
Demain du sang noir
Séchera au grand soleil
Sur les routes
Sifflez compagnons…
Dans la nuit la liberté
Nous écoute…
Paul ÉLUARD
Liberté
(extrait)
Sur mes cahiers d’écolierSur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te renommer
Liberté.
Gabriel PÉRI
Gabriel Péri était journaliste. Il était arrêté et fusillé par les nazis après le commencement de l’Occupation en 1941.
(extrait)
Un homme est mort qui n’avait pour
défenseQue ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on haît les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli
Louis ARAGON
La Rose et le Réséda
À Gabriel Péri et d’Estienne
d’Orves comme à Guy Môquet et Gilbert Dru
(extrait)
Du haut de la citadelleLa sentinelle tira
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Il coule il coule et se mêle
À la terre qu’il aima
Pour qu’à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
L’un court et l’autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dîtes flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L’alouette et l’hirondelle
La rose et le réséda
Légende de Gabriel Péri
(extrait)
C’est au cimetière d’Ivry Qu’au fond de la fosse commune
Dans l’anonyme nuit sans lune
Repose Gabriel Péri
Dans le cimetière d’Ivry
Il chante encore il chante encore
Il y aura d’autres aurores
Et d’autres Gabriel Péri
Dans le cimetière d’Ivry
Sous la terre d’indifférence
Il bat encore pour la France
Le cœur de Gabriel Péri
Ballade de celui qui chanta dans les supplices
Hommage à Jean-Pierre
Thimabaud
(extrait)
Je meurs et France demeureMon amour et mon refus
Ô mes amis si je meurs
Vous saurez pour quoi ce fut
Ils sont venus pour le prendre
Ils parlent en allemand
L’un traduit : Veux-tu te rendre
Il répète calmement :
Et si c’était à refaire
Je referais ce chemin
Sous vos coups chargés de fers
Que chantent les lendemains
Il chantait lui sous les balles
Des mots sanglant est levé
D’une seconde rafale
Il a fallu l’achever
Une autre chanson française
À ses lèvres est montée
Finissant la Marseillaise
Pour toute l’humanité
Robert DESNOS
Couplets de la rue Saint-Martin
(extrait)
Je n’aime plus la rue
Saint-MartinDepuis qu’André Platard l’a quittée.
Je n’aime plus la rue Saint-Martin,
Je n’aime rien, pas même le vin.
C’est mon ami, c’est mon copain.
Il a disparu un matin,
Ils l’ont emmené, on ne sait plus rien.
On ne l’a plus revu dans la rue Saint-Martin.
Pas la peine d’implorer les saints,
Saints Merri, Jacques, Gervais et Martin,
Pas même Valérien qui se cache sur la colline.
Le temps passe, on ne sait rien.
André Platard a quitté la rue Saint-Martin.
Le Dernier poème
J’ai rêvé tellement fort de toi,J’ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu’il ne me reste plus rien de toi,
Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres
D’être cent fois plus ombre que l’ombre
D’être l’ombre qui viendra et reviendra
dans ta vie ensoleillée.
Emmanuel D’ASTIER DE LA VIGERIE
Complainte des partisans
(extrait)
Le mémorial Jean Moulin à Chartres
Source : Historia spécial, photo par J.M.Steinlein
Source : Historia spécial, photo par J.M.Steinlein
On m’a dit résigne-toi
Mais je n’ai pas pu
Et j’ai repris mon arme.
J’ai changé cent fois de nom
J’ai perdu femme et enfants
Mais j’ai tant d’amis
Et j’ai la France entière.
Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a cachés
Les Allemands l’ont pris
Il est mort sans surprise.
Le vent souffle sur les tombes
La liberté reviendra
On nous oubliera
Nous rentrerons dans l’ombre.