A Lézardrieux, le refuge breton de Georges Brassens
Le chanteur français Georges Brassens pose chez lui,
"Il était chez nous pour être tranquille". Loin de l'agitation de Sète, sa ville natale, Georges Brassens, aimait se ressourcer dans sa maison bretonne, à Lézardrieux, où on cultive discrètement le souvenir du chanteur mort il y a 30 ans, le 29 octobre 1981.
"On ne veut pas faire un business, il était chez nous pour être tranquille, promener son chien, trouver l'inspiration, on respecte cela", explique Marie Laizet, la directrice de l'office de tourisme de Lézardrieux, village des Côtes d'Amor.
Si une rue et une salle communale portent son nom, aucun musée Brassens n'y a ouvert, le site internet de la commune ne le mentionne pas dans sa rubrique "personnes célèbres", et aucune célébration n'était prévue pour le 30e anniversaire de sa mort
Le chanteur appréciait la tranquillité des habitants, le temps gris... et la charcuterie locale: "il prenait deux saucissons à l'ail en arrivant", des mètres de saucisses durant son séjour estival et "40 à 45 saucissons en partant, pour offrir à ses amis, c'était un rituel", se souvient Michel Le Grand, 67 ans, l'ancien boucher-charcutier de Lézardrieux, qui les livrait à domicile, à "KerFlandry".
En contrebas d'une falaise boisée, la haute bâtisse traditionnelle à la façade blanche et aux volets bleus, que le chanteur avait achetée en 1971, borde la grève et les eaux du Trieux, à deux pas du port de plaisance.
Chaque matin, vers 7 heures, "Georges partait prendre son café à Paimpol" avant de "travailler tranquille" chez lui ou de se reposer, raconte son ancien voisin Gérard Beauverger, bientôt 89 ans.
"Le soir, il descendait sur la grève avec son caniche noir qui se baignait, tournait en rond dans l'eau et ne voulait pas rentrer", rigole-t-il encore.
Le mimosa de Gérard a pris ses aises et masque désormais la fenêtre de la cuisine de KerFlandry, où Püppchen, la compagne de Brassens invitait ses voisins à partager ses lasagnes. "Nous, on les appelait le vendredi, ma femme faisait des crêpes", se souvient Gérard.
L'attachement du chanteur à la Bretagne est né au milieu des années 50, lorqu'il accompagne "la Jeanne" - son amante et confidente qui l'avait caché à Paris sous l'Occupation - chez son neveu à Paimpol.
"Je lui ai fait visiter le coin", raconte ce dernier, Michel le Bonniec, 81 ans, pour qui Brassens était devenu "presqu'un frère" en 1942.
"Ca lui plaisait, les gens, surtout, étaient moins exubérants que dans le Midi: Georges appréciait cette tranquillité, les gens ne lui sautaient pas dessus pour avoir des autographes, on le saluait d'un 'bonjour Georges' et c'est tout", se souvient-il. En insistant: "pendant les dix dernières années de sa vie, il est descendu ici tous les étés".
"Il venait se ressourcer, il aimait bien le temps gris, et ici les gens ne faisaient pas attention à lui", renchérit Gérard Beauverger. "Parfois il nous disait : vous me jurez que vous ne m'entendez pas quand je chante ? On ne l'entendait pas parce que la pièce était assez isolée, donc il était content, il avait toujours peur de déranger les gens".
A Lézardrieux, "Georges" a laissé le souvenir d'un homme simple et chaleureux, improvisant à l'occasion un "kenavo blues" lors d'un boeuf avec ses amis chez lui, raconte un de ses amis, Pierre Mulot, 82 ans.
A Paimpol, où un hommage a été organisé en mémoire de Brassens, le bar où il avait ses habitudes a été rebaptisé "Les copains d'abord", après sa mort.
L'homme était aussi généreux: à Lézardrieux, "chaque été, avant de partir, il laissait deux chèques de 200.000 anciens francs: un pour le club de foot et l'autre pour les vieux" de la commune, raconte Michel Le Grand.