mardi 29 août 2023

Paul McCartney

 

Il y a cinquante ans, le séjour rock’n’roll de Paul McCartney à Lagos pour renouer avec le succès

LES ALBUMS DE 1973

  Août 1973. 

L’ex-Beatles file au Nigeria pour y enregistrer avec son nouveau groupe, Wings, l’album qui lui donnera un nouvel élan : “Band on the Run”. Récit de cet épisode mouvementé.

Le 29 août 1973, à l’aéroport londonien de Heathrow, les six personnes qui se présentent à l’embarquement pour Lagos, au Nigeria, n’ont pas trop l’air d’un groupe de rock. Bien sûr on reconnaît parmi elles Paul McCartney, dont la formation précédente, The Beatles, est dans toutes les mémoires. Que son épouse, Linda, l’accompagne n’a rien d’étonnant, elle est aussi sa partenaire musicale, depuis que Paul s’est lancé en solo. Quant aux trois enfants, dont la plus petite, Stella, n’a pas 2 ans, on ne pouvait les laisser seuls à la maison. À ce tableau de famille s’ajoute Denny Laine, fidèle accompagnateur de McCartney depuis 1971. Date à laquelle celui-ci s’est décidé à former un vrai groupe et l’a baptisé Wings, un nom idéal pour décoller. Car les premières tentatives sous le propre nom du plus fameux bassiste au monde ont suscité des critiques plutôt vachardes. Cela fait sourire à présent puisque l’album Ram (signé Paul & Linda McCartney) est justement considéré comme une de ses plus belles réussites. Mais pour la plupart des fans et des médias, Paul est alors jugé responsable de la rupture fatale avec John Lennon, donc de la fin d’une épopée fabuleuse. Deux autres disques avec Wings (Wild Life et Red Rose Speedway), sortis à la va-vite, n’ont guère arrangé les choses. Et, en cette fin d’été 1973, c’est l’existence même du groupe qui vacille


Au cœur des Wings, et de l’album « Band on the Run », Paul Mc Cartney, sa femme Linda et Denny Laine.

Au cœur des Wings, et de l’album « Band on the Run », Paul Mc Cartney, sa femme Linda et Denny Laine. Photo Clive Arrowsmith/CAMERA PRESS

Par François Gorin

Publié le 21 août 2023 à 06h30

Mis à jour le 21 août 2023 à 17h52

 
 
 
 
 
 

Le 29 août 1973, à l’aéroport londonien de Heathrow, les six personnes qui se présentent à l’embarquement pour Lagos, au Nigeria, n’ont pas trop l’air d’un groupe de rock. Bien sûr on reconnaît parmi elles Paul McCartney, dont la formation précédente, The Beatles, est dans toutes les mémoires. Que son épouse, Linda, l’accompagne n’a rien d’étonnant, elle est aussi sa partenaire musicale, depuis que Paul s’est lancé en solo. Quant aux trois enfants, dont la plus petite, Stella, n’a pas 2 ans, on ne pouvait les laisser seuls à la maison. À ce tableau de famille s’ajoute Denny Laine, fidèle accompagnateur de McCartney depuis 1971. Date à laquelle celui-ci s’est décidé à former un vrai groupe et l’a baptisé Wings, un nom idéal pour décoller.

Car les premières tentatives sous le propre nom du plus fameux bassiste au monde ont suscité des critiques plutôt vachardes. Cela fait sourire à présent puisque l’album Ram (signé Paul & Linda McCartney) est justement considéré comme une de ses plus belles réussites. Mais pour la plupart des fans et des médias, Paul est alors jugé responsable de la rupture fatale avec John Lennon, donc de la fin d’une épopée fabuleuse. Deux autres disques avec Wings (Wild Life et Red Rose Speedway), sortis à la va-vite, n’ont guère arrangé les choses. Et, en cette fin d’été 1973, c’est l’existence même du groupe qui vacille. Denny Laine, dont la compagne vient juste d’accoucher, était quasiment persuadé, en prenant le chemin de l’aéroport, que ça en était terminé de Wings.

C’est que, deux semaines avant le départ pour Lagos, où ils doivent enregistrer un nouvel album, la troupe a perdu deux unités : le guitariste Henry McCullough et le batteur Denny Seiwell. On répétait à Low Ranachan, une ferme proche de la propriété écossaise des McCartney, qui pouvaient s’y rendre à cheval. Au fil des séances, des tensions n’ont pas tardé à se faire jour entre McCullough, un Irlandais dont le fort caractère n’est pas adouci par l’alcool, et son patron, qui insiste pour lui faire jouer des solos selon ses indications strictes. Une dispute a fini par éclater et l’irascible Henry n’étant pas revenu au bercail, son copain new-yorkais Denny Seiwell a pris la porte à son tour. Mi-philosophe, mi-revanchard, l’ancien Beatles se jure alors de faire un album sur lequel ces deux lâcheurs vont regretter de ne pas être.

Ambiance pas vraiment cool

Mais pourquoi partir à Lagos ? Paul a eu envie de changer d’air. Il a consulté la liste des studios que sa maison de disque, EMI, possède à l’étranger. Un peu comme on le ferait du dépliant d’une agence de voyages. Son doigt posé sur un point de la carte à l’ouest de l’Afrique, il s’est mis à rêver : la splendide musique africaine, la plage avant d’aller travailler peinard au studio… Une fois sur place, la réalité que découvre le trio de musiciens est moins réjouissante. À commencer par la saison des moussons, peu propice au farniente couvert de crème solaire. Puis le Nigeria est dirigé d’une main de fer par le régime militaire du président Yakubu « Jack » Gowon, le même qui, quelques années plus tôt, réprimait férocement la tentative de sécession du Biafra. L’ambiance à Lagos n’est pas vraiment cool, et la tribu McCartney est certes coquettement logée dans deux villas de la banlieue chic d’Ikeja, mais sous la protection d’agents de sécurité.

Situé dans le quartier portuaire d’Apapa, le studio est, lui, dans état de délabrement inattendu. Le matériel est sommaire, l’humidité, partout. En l’absence de cabine insonorisée, on doit en construire une, et Paul lui-même donne un coup de marteau. L’enregistrement peut commencer. Orphelin du prestige – et du succès – de son ancien groupe, McCartney a d’abord songé à un album concept : après tout, la mode en a été lancée par lui-même avec Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967). Mais l’idée d’un « orchestre en fuite » (Band on the Run), passé le morceau-titre en trois mouvements, ne sera décliné qu’assez mollement. Picasso’s Last Words provient d’un défi lancé au musicien en vacances jamaïcaines par Dustin Hoffman et Steve McQueen, qui tournaient Papillon à Montego Bay. Let Me Roll It frise tellement le pastiche lennonien qu’il laisse peu de doute sur son destinataire. Quant au doux balancement de Mamunia, il fait signe à un célèbre hôtel de Marrakech. Ce fut le premier morceau enregistré à Lagos et le seul qui, par son refrain, porte les traces du séjour africain.

Accueil enfin dithyrambique

Paul, Linda et Denny Laine tentent bien une incursion dans la vie nocturne, mais leur passage au Shrine soulève la méfiance. Le patron de cette boîte n’est autre que Fela Kuti, parrain de la scène locale à la tête d’une communauté de musiciens et de militants. Dès le lendemain, Fela accuse à la radio McCartney d’être venu piller la musique africaine. Pour calmer le jeu, celui-ci l’invite au studio. Il doit aussi jouer les diplomates avec Ginger Baker, ex-batteur fou du supergroupe Cream (trio blues-rock formé avec Eric Clapton et Jack Bruce), exilé au Nigeria et vexé que son compatriote n’ait pas élu son studio ARC. Ni une ni deux, McCartney y débarque pour enregistrer son hommage à Picasso. Mais il n’est pas au bout de ses peines. Un soir que Linda et lui rentrent à pied à leur villa, ils se font braquer en pleine rue par cinq types descendus d’une voiture. Sous la menace d’un couteau, Paul s’en tire en leur laissant son sac, rempli de bandes démos et de textes. Peu de temps après, McCartney tombe dans les pommes. Emmené à l’hôpital, on lui diagnostique un bronchospasme. Le poumon…

Néanmoins, l’enregistrement va son chemin cahin-caha. Au bout de trois semaines où maître Paul, secondé (beaucoup) par Laine et (un peu) par Linda, joue d’à peu près tous les instruments, les prises de base de la plupart des morceaux sont en boîte. On complétera et fignolera le reste aux studios AIR de Londres, avec un coup de main pour les arrangements de Tony Visconti, le producteur attitré de Bowie. Paru début décembre, Band on the Run reçoit un accueil enfin dithyrambique. Parmi les neuf évadés figurant sur la pochette, on reconnaît James Coburn et Christopher Lee. Au centre du groupe, pris sous le feu d’un phare de poursuite, les visages de Paul et Linda sont à peine discernables. On ne lit sur fond noir que le titre de l’album. Et c’est pourtant bien le triomphe de McCartney (& Wings, si on veut). Sa collection de chansons la plus cohérente et dynamique depuis la fin des Beatles. Et si l’on tend bien l’oreille aux paroles, un exercice que Paul n’a jamais pris trop au sérieux, un leitmotiv se dégage : s’échapper, fuir les servitudes de la gloire et les attentes du public ; mais dans la ferme idée de les reconquérir, ne jamais cesser de plaire. Mission accomplie.

 

Trajectoire de l'ouragan Idalia, dont l'arrivée sur les côtes de Floride est prévue mercredi en tant qu'"ouragan majeur", d'après le Centre national des ouragans (NHC)
Trajectoire de l'ouragan Idalia, dont l'arrivée sur les côtes de Floride est prévue mercredi en tant qu'"ouragan majeur", d'après le Centre national des ouragans (NHC) • Sophie RAMIS
Image fournie par l'Administration nationale des océans et de l'atmosphère (NOAA) de la tempête tropicale Idalia (c), au large des côtes du Mexique, le 29 août 2023
Image fournie par l'Administration nationale des océans et de l'atmosphère (NOAA) de la tempête tropicale Idalia (c), au large des côtes du Mexique, le 29 août 2023 

 

Pourquoi les habitants de Lorient et Saint-Nazaire ont attendu 9 mois avant d’être libérés en 1945

Alors que la plupart des villes françaises sont libérées en août 1944, les Allemands retranchés à Lorient et à Saint-Nazaire ne se rendront qu’après la mort d’Hitler et la capitulation allemande, en mai 1945. Neuf mois plus tard ! Quatrième épisode de la série du magazine Bretons consacrée à la Seconde Guerre mondiale en Bretagne.


Des Lorientais sinistrés attendant un car à la gare routière pour fuir la ville, en janvier 1943.
COLLECTION ARCHIVES DE LORIENT – 69FI5Voir 


En mai 2015, auprès du journal 20 Minutes , Stéphane Glotin, un Nazairien de 92 ans, confiait ses souvenirs amers du mois d’août 1944. « On a su qu’à Nantes, les gens faisaient la fête. Ils étaient au courant pour la poche, mais ils ne se rendaient pas compte. Ça a été le front oublié. » À Nantes, à Rennes, à Paris ou ailleurs, on célèbre en effet la Libération du pays. On souhaite un retour rapide à la vie normale, on reprend espoir. Et on oublie bien vite que des parties du territoire national restent pourtant occupées.

De Gaulle et Quimper, Brest ravagée… La Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale en sept récits

Car à Saint-Nazaire et à Lorient, mais aussi à La Rochelle et à Royan, les Allemands ne sont pas encore partis. Ils vont même se retrancher dans ces « poches » pendant de longs mois, y tenant un véritable siège rendant la vie des civils qui y sont emprisonnés extrêmement difficile.

Pourquoi cette situation ? En janvier 1944, alors que le vent a tourné et qu’Hitler sent le danger approcher, il prend la décision de constituer sur le littoral, dans les ports les plus importants, des Festungen, de vraies forteresses devant servir de bastions pour tenir le mur de l’Atlantique et résister à l’ennemi. En cas de repli, ces bases devaient être le point de départ de futures contre-attaques.

Louison Bobet parmi les volontaires

Pourtant, après le Débarquement, ces Festungen chutent les unes après les autres : Cherbourg, Saint-Malo, Le Havre, Brest, Calais et Boulogne. Seules celles de la façade atlantique tiennent bon : Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle, Royan et la pointe de Grave. Mais le siège de Brest a servi de leçon aux Américains, qui y ont laissé 2 000 hommes. Les batailles importantes se mènent désormais à l’Est. Pour ces poches, on se contentera d’une guerre d’usure, d’une opération de containment : bloquer les soldats allemands, en les maintenant dans ces zones délimitées, jusqu’à la chute d’Hitler.

En Bretagne, deux poches subsistent, donc. À Lorient, elle s’est constituée autour de la formidable base que l’Organisation Todt a bâtie. Pouvant accueillir une quarantaine de sous-marins, elle est un ouvrage sans équivalent dans le monde. La base de Keroman est protégée par un dispositif important, une série de batteries côtières qui s’étend de Quiberon à Groix.

La poche de Lorient s’étire de la Laïta, à l’ouest, jusqu’à la presqu’île de Quiberon, englobant aussi Groix, Belle-Île, Hoëdic et Houat. Soit vingt-cinq communes, 150 km², où il reste moins de 25 000 civils que les Allemands incitent à partir. Une ceinture défensive est mise en place, à l’intérieur de laquelle sont retranchés 25 000 soldats allemands sous le commandement du général Wilhelm Fahrmbacher et de l’amiral Walter Matthiae. En face : 5 000 Américains mais également 12 000 maquisards, qui sont intégrés dans l’armée régulière du général de Larminat. Parmi ces engagés volontaires, comme le note Rémy Desquesnes, auteur des Poches de résistance allemandes : Louison Bobet, chargeur de mortier, qui deviendra un grand champion cycliste après-guerre.

120 000 civils coincés

À Saint-Nazaire, la poche atteint une tout autre dimension : plus de 1 500 km², s’étendant de la Vilaine, au nord, jusqu’à Pornic, au sud, et jusqu’à Blain, à l’est, en passant par Fay et Le Temple-de-Bretagne. Là aussi, l’embouchure de la Loire et la base de U-Boot de Saint-Nazaire sont protégées par un impressionnant dispositif, incluant une redoutable Flak anti-aérienne. « Saint-Nazaire est la plus grande et la plus puissante des Festung allemandes », écrit Rémy Desquesnes. 30 000 soldats y stationnent, sous les ordres du général d’aviation Hans Junck. On y trouve un contingent italien, mais également des troupes auxiliaires venues de l’Est, notamment des Ukrainiens. Plus de 120 000 civils y sont coincés, que l’on évacue aussi progressivement à l’automne 1944.

En face, 15 000 FFI et les hommes de la 94e division d’infanterie du général Malony, remplacée le 1er janvier 1945 par la 66e division d’infanterie du général Kramer, dont 88 de ses hommes sont morts dans le torpillage du Léopoldville au large de Cherbourg.

À Lorient comme à Saint-Nazaire, les accrochages sont nombreux, et les tirs d’artillerie, presque quotidiens. Rémy Desquesnes raconte ainsi que, fin octobre 1944, un bataillon allemand lance une offensive en direction de Nostang et s’empare du village de Sainte-Hélène. « Ce succès pourtant limité sera monté en épingle par « radio Berlin » et montré au peuple allemand comme une grande victoire. » L’aviation alliée détruira ensuite le pont Lorois, la seule liaison terrestre entre Lorient et la presqu’île de Quiberon, ce qui compliquera encore plus les problèmes de ravitaillement.

Car, à Lorient comme à Saint-Nazaire, c’est une question cruciale. Malgré l’arrivée de sous-marins et de quelques parachutages, les vivres et l’équipement se font rares. C’est ce qui justifie notamment les excursions allemandes vers les terres fertiles du pays de Retz. Les Allemands se fournissent auprès de la population locale, en payant comptant. Les troupes françaises, elles, ne délivrent bien souvent que des reconnaissances de dette, ce qui n’enthousiasme pas les paysans…

Reste que tenir le moral de ces troupes enfermées n’est pas des plus évidents. Rémy Desquesnes écrit : « Pour combattre toute lassitude ou tout défaitisme entraînés par l’isolement, l’éloignement de ses proches, la dureté des conditions de vie, le sévère rationnement du tabac (deux cigarettes par jour à Lorient), les bombardements quotidiens ou les effets des tracts lancés par les avions alliés ou par obus d’artillerie invitant les soldats à déserter, le commandement multipliait concerts, chorales, représentations théâtrales et matches de football. Un petit journal voyait le jour dans les poches avec mission de remotiver les troupes en transformant le moindre succès lors d’un raid contre les assiégeants en une victoire éclatante et prometteuse ».

Les désertions, souvent le fait de soldats de l’Est, sont pourtant une réalité. En septembre 1944, le colonel ukrainien Potiereyka s’enfuit ainsi avec 300 hommes et se rend aux forces de la Résistance. Mais, quand ces déserteurs sont attrapés, ils sont systématiquement fusillés ou pendus.

L’hiver est très dur, la neige est abondante cette année-là. Du côté des soldats alliés, on souffre également, surtout chez les engagés volontaires français, qui manquent de tout et vivent dans le dénuement : pas de vêtements chauds, de linge de rechange, de savon, de casques… Même les armes font défaut. Quant aux quelques habitants restés dans les poches, surtout dans les villes, leur position n’est guère plus enviable : quand ils ne sont pas réquisitionnés par les Allemands pour différents travaux, ils vivent aussi dans les privations et sous la menace permanente d’un tir d’artillerie ou d’un bombardement. Des formes de résistance (renseignement, passeur) se mettent pourtant en place. « Le dernier fusillé de Bretagne, Jean de Neyman, un étudiant strasbourgeois communiste, l’est dans la poche de Saint-Nazaire le 2 septembre 1944 : il a été condamné à mort pour avoir aidé un déserteur allemand », raconte ainsi Christian Bougeard dans La Bretagne de l’Occupation à la Libération.


Lire aussi : Le 17 août 1944, la 15e Cavalerie américaine libérait Paimpol


Même si la libération des poches n’est pas une priorité aux yeux des Alliés, elle le devient pour le général de Gaulle, qui tolère difficilement de voir des parties du territoire français toujours sous la coupe des Allemands. Pour restaurer le prestige de l’armée française, il entend d’ailleurs qu’elle œuvre elle-même à la libération de certaines d’entre elles. Ce sera le cas de La Rochelle, de Royan et de la pointe de Grave. Mais, pour Saint-Nazaire et Lorient, les forces alliées, aidées d’unités d’infanterie françaises, restent à la manœuvre.

Reddition dans un café d’Etel

Hitler, reclus dans un bunker à Berlin, se suicide le 30 avril. Dès le 7 mai, un premier acte de capitulation du Troisième Reich est signé à Reims. Les dirigeants allemands de la poche de Lorient se rendent à Etel le lendemain, traversant la rivière sur des canots pneumatiques, pour signer dans un café leur acte de reddition. Le 10, une cérémonie officielle entérine les choses à Caudan. Des redditions isolées se tiendront à Groix et à Belle-Île.




Signature de la reddition de la poche de Lorient au Café Breton à Etel, le 7 mai 1945. | COLLECTION ARCHIVES DE LORIENT – 69FI53Voir  n écr


Pour Saint-Nazaire, c’est à Cordemais, le 8 mai, que sont négociées les conditions de la capitulation : aucune destruction ne doit intervenir à l’intérieur de la base, les mines et les obstacles doivent être enlevés, et les fossés antichars, comblés. La cérémonie officielle de reddition a lieu le 11 mai au matin, à Bouvron. Le général Junck remet alors son pistolet au général américain Kramer, accompagné du général français Chomel. Tandis que le reste de la France était libéré, les combats des poches de Lorient et de Saint-Nazaire auront encore coûté près d’un millier d’hommes.

Cet article a été initialement publié dans le magazine Bretons en mars 2022.


lundi 28 août 2023

I HAVE A DREAM août 1963

 

I am not unmindful that some of you have come here out of great trials and tribulations. Some of you have come fresh from narrow jail cells. Some of you have come from areas where your quest for freedom left you battered by the storms of persecution and staggered by the winds of police brutality. You have been the veterans of creative suffering. Continue to work with the faith that unearned suffering is redemptive.

Je ne suis pas indifférent au fait que certains d'entre vous sont venus ici à travers de grands procès et de grande détresse. Certains d'entre vous sortez à peine des étroites cellules de prison. Certains d'entre vous êtes venus d'endroits où votre quête de liberté vous a laissés meurtris par les foudres de la persécution et stupéfiés par les vents de la brutalité policière. Vous êtes depuis longtemps dans une souffrance créative. Continuez à travailler dans la foi que la souffrance non méritée apporte la rédemption.

Martin Luther King fait référence à un passage biblique (Matthieu 24:21).

Référence aux persécutions que les Noirs subissaient aux États-Unis. Les afro-américains étaient désignés comme coupables dans des affaires criminelles.

Go back to Mississippi, go back to Alabama, go back to South Carolina, go back to Georgia, go back to Louisiana, go back to the slums and ghettos of our northern cities, knowing that somehow this situation can and will be changed. Let us not wallow in the valley of despair.

Retournez dans le Mississipi, retournez dans l'Alabama, retournez dans la Caroline du Sud, retournez dans la Géorgie, retournez dans la Louisiane, retournez dans les taudis et les ghettos de nos villes du Nord, sachant que, d'une manière ou d'une autre, la situation peut et va changer. N'apitoyons-nous pas dans les vallées du désespoir.

Martin Luther King liste différents États dans lesquels reignait un fort racisme. Par là, il appelle la foule à faire face aux persécutions et à ne pas vivre dans la peur.

I say to you today, my friends, so even though we face the difficulties of today and tomorrow, I still have a dream. It is a dream deeply rooted in the American dream.

Je le dis aujourd'hui à vous, mes amis, et malgré les difficultés d'aujourd'hui et de demain, je fais pourtant un rêve. C'est un rêve profondément enraciné dans le rêve américain.

Première utilisation du mot rêve. Il va répéter plusieurs fois la phrase : I have a dream.

I have a dream that one day this nation will rise up and live out the true meaning of its creed : « We hold these truths to be self-evident : that all men are created equal. »

I have a dream that one day on the red hills of Georgia the sons of former slaves and the sons of former slave owners will be able to sit down together at the table of brotherhood.

I have a dream that one day even the state of Mississippi, a state sweltering with the heat of injustice, sweltering with the heat of oppression, will be transformed into an oasis of freedom and justice.

I have a dream that my four little children will one day live in a nation where they will not be judged by the color of their skin but by the content of their character.

I have a dream today.

Je fais le rêve qu'un jour, la nation s'élèvera pour vivre le sens véritable de sa foi : « Nous tenons ces vérités comme allant de soi : tous les hommes naissent égaux. »

Je fais le rêve qu'un jour, sur les collines rouges de la Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens maîtres puissent s'asseoir ensemble autour de la table de la fraternité.

Je fais le rêve qu'un jour, même l'État du Mississipi, un état étouffé par la chaleur de l'injustice, et par la chaleur de l'oppression, même cet état sera transformé en un oasis de liberté et de justice.

Je fais le rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés par leur couleur de peau, mais par le fond de leurs personnalités.

Je fais aujourd'hui un rêve.

Le rêve de Martin Luther King est celui d'un monde dans lequel il n'y a plus de discrimination et plus de racisme. Il rappelle la phrase des déclarations des droits de l'Homme : tous les hommes naissent égaux. Il appelle les gens à oublier l'esclavagisme, et dépasser la haine.

I have a dream that one day, down in Alabama, with its vicious racists, with its governor having his lips dripping with the words of interposition and nullification ; one day right there in Alabama, little black boys and black girls will be able to join hands with little white boys and white girls as sisters and brothers.

I have a dream today.

Je fais le rêve qu'un jour, là-bas, en Alabama, avec ces racistes cruels avec son gouverneur aux lèvres dégouttant des mots de discrimination et d'invalidation ; un jour là-bas en Alabama, les jeunes garçons et filles noirs pourront se tenir main dans la main avec les jeunes garçons et filles blancs comme frères et sœurs.

Je fais aujourd'hui un rêve.

Attention, vicious est un faux ami. Il signifie violenthaineuxméchant, ... Le gouverneur de l'Alabama était connu pour ses discours racistes. Le verbe dégoutter signifie couler goutte à goutte. On imagine la scène : le héros d'une bande dessinée n'arrive pas à dormir parce que le robinet fait toc toc toc. Martin Luther King fait une comparaison : les paroles du gouverneur sont aussi insupportables que le bruit d'un robinet mal fermé.

I have a dream that one day every valley shall be exalted, every hill and mountain shall be made low, the rough places will be made plain, and the crooked places will be made straight, and the glory of the Lord shall be revealed, and all flesh shall see it together.

Je fais le rêve qu'un jour, chaque vallée soit élevée, chaque colline et montagne soit mise à bas, les lieux accidentés soient aplanis, et les lieux malhonnêtes soient redressés, et la gloire du Seigneur soit révélée, et tous les vivants puissent le voir ensemble.

Référence à Dieu, classique dans un discours américain.

This is our hope. This is the faith that I go back to the South with. With this faith we will be able to hew out of the mountain of despair a stone of hope. With this faith we will be able to transform the jangling discords of our nation into a beautiful symphony of brotherhood. With this faith we will be able to work together, to pray together, to struggle together, to go to jail together, to stand up for freedom together, knowing that we will be free one day.

This will be the day... This will be the day when all of God's children will be able to sing with a new meaning, « My country, 'tis of thee, sweet land of liberty, of thee I sing. Land where my fathers died, land of the pilgrim's pride, from every mountainside, let freedom ring. »

C'est notre espoir. C'est avec cette foi que je reviens dans le Sud. Avec cette foi, nous pourrons creuser dans la montagne du désespoir un bloc d'espoir. Avec cette foi, nous pourrons transformer les dissonances discordantes de notre nation en une magnifique symphonie de fraternité. Avec cette foi, nous pourrons travailler ensemble, prier ensemble, se débattre ensemble, faire de la prison ensemble, se lever ensemble pour la liberté, sachant que nous serons libres un jour.

Ce sera le jour... Ce sera le jour où tous les fils de Dieu pourront chanter avec un nouveau sens : « Mon pays, ???, douce terre de liberté, de toi je chante. Terre où mes aïeux sont morts, terre où l'orgueil des pèlerins, depuis chaque versant, a fait retentir la liberté. »

Ce discours est un message d'espoir. Mais il faut rendre ce rêve réel. Pour cela, il ne faut pas perdre la foi.

And if America is to be a great nation this must become true. So let freedom ring from the prodigious hilltops of New Hampshire. Let freedom ring from the mighty mountains of New York. Let freedom ring from the heightening Alleghenies of Pennsylvania !

Et si l'Amérique doit être une grande nation, elle le deviendra. Alors, laissons retentir la liberté depuis les prodigieux sommets1 du New Hampshire. Que la liberté retentisse depuis les majestueuses montagnes de New-York. Que la liberté retentisse depuis les Alleghennies surélevées de Pennsylvanie !

Let freedom ring from the snowcapped Rockies of Colorado !

Let freedom ring from the curvaceous slopes of California !

But not only that ; let freedom ring from Stone Mountain of Georgia !

Let freedom ring from Lookout Mountain of Tennessee !

Let freedom ring from every hill and molehill of Mississippi. From every mountainside, let freedom ring.

Que la liberté retentisse depuis les Rocheuses couronnées de neiges du Colorado !

Que la liberté retentisse depuis les pentes courbues de Californie !

Non seulement cela, que la liberté retentisse depuis la Stone Mountain de Géorgie !

Que la liberté retentisse depuis la Lookout Mountain du Tennessee !

Que la liberté retentisse de chaque colline et chaque taupinière du Mississipi. Depuis chaque versant, que la liberté retentisse.

And when this happens, when we allow freedom to ring, when we let it ring from every village and every hamlet, from every state and every city, we will be able to speed up that day when all of God's children, black men and white men, Jews and Gentiles, Protestants and Catholics, will be able to join hands and sing in the words of the old Negro spiritual, « Free at last ! free at last ! thank God Almighty, we are free at last ! »

Et quand cela arrivera, quand nous laisserons retentir la liberté, quand nous la laisserons retentir depuis chaque village et chaque hameau, depuis chaque état et chaque ville, nous pourrons accélérer la venue du jour où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les gentils, les protestants et les catholiques, pourront s'unir et chanter les mots de l'ancien négro-spiritual2 : « Libres enfin ! Libres enfin ! Merci, Dieu Tout-puissant, nous sommes enfin libres ! »

Ce passage est moins connu. Les mouvements afro-américains se battent pour la liberté ; ainsi il est normal que Martin Luther King répète ce mot plusieurs fois.

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Références[modifier | modifier le wikicode]

  1.  En anglais, hilltop signifie sommet de colline. Mais ici, on traduit simplement par sommet.
  2.  Le negro-spiritual est une musique.

samedi 26 août 2023

" au(x) voleur(s) "

 


À travers de très nombreux extraits liés à différentes affaires, le traitement quasi contraire qu’on leur réserve saute aux yeux. Les premiers sont des criminels en puissance qui méritent d’être arrêtés, les autres des gens bien, sur lesquels on « s’acharnerait », alors que des milliards de fonds blanchis sont parfois en jeu.

La démonstration passionnante, accompagnée de références sociologiques sur les « élites délinquantes », donne également à voir la façon dont le vol est représenté au cinéma, de Pickpocket, de Robert Bresson, au Voleur de bicyclette, de Vittorio De Sica. Un travail d’ampleur, aussi utile qu’intéressant.


Par Manon Boquen

Des visages floutés, une musique inquiétante et un ton dramatique… La recette pour un reportage sur le vol à l’étalage joue toujours ce même scénario. C’est en partant de cette observation que



s’est interrogée : pourquoi ces actes souvent essentiels à la survie de leurs responsables sont-ils bien plus mal vus que les vols dans les hautes sphères de la société, tels ceux des Balkany ou des Dassault ?

À travers de très nombreux extraits liés à différentes affaires, le traitement quasi contraire qu’on leur réserve saute aux yeux. Les premiers sont des criminels en puissance qui méritent d’être arrêtés, les autres des gens bien, sur lesquels on « s’acharnerait », alors que des milliards de fonds blanchis sont parfois en jeu.

La démonstration passionnante, accompagnée de références sociologiques sur les « élites délinquantes », donne également à voir la façon dont le vol est représenté au cinéma, de Pickpocket, de Robert Bresson, au Voleur de bicyclette, de Vittorio De Sica. Un travail d’ampleur, aussi utile qu’intéressant.



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